24 décembre 2020
LâĂ©toile de NoĂ«l : le Poinsettia
Rouge et verte, comme les couleurs de NoĂ«l, on la repĂšre chez tous les fleuristes en cette pĂ©riode oĂč les nuits sont les plus longues ! On ne peut y rĂ©sister⊠Elle fait partie du dĂ©cor de NoĂ«l ! Une Ă©toile rouge qui fleurit en hiver quand les jours sont courts et oĂč les nuits dĂ©passent 12h : une plante arbustive photopĂ©riodique.
Une floraison peu commune : ce ne sont pas des pĂ©tales rouges qui forment ces Ă©toiles, mais des bractĂ©es, sortes de feuilles qui entourent des petites fleurs nectarifĂšres regroupĂ©es en inflorescences complexes : les cyathes. Chaque cyathe est composĂ© de petites fleurs mĂąles rĂ©duites Ă 1 Ă©tamine et dâune fleur femelle terminale rĂ©duite Ă son pistil. Une Ă 2 glandes gorgĂ©es de nectar, qui sort dâune bouche Ă deux lĂšvres jaunes, complĂšte chacun des cyathes.
Ce type dâinflorescence est une particularitĂ© des Euphorbes, une grande famille dont fait partie le Poinsettia. Son nom scientifique : Euphorbia pulcherrima le confirme, ainsi que le latex blanc qui sâĂ©coule, quand on casse malencontreusement une tige. Câest la petite cousine de lâarbre Ă caoutchouc : lâHĂ©vĂ©a des forĂȘts tropicales et aussi de nos euphorbes europĂ©ennes des pelouses et des forĂȘts. Au Mexique, son pays dâorigine, lâĂ©toile de NoĂ«l qui dĂ©core nos intĂ©rieurs est un arbuste pouvant atteindre 4 m de haut! Cet arbuste poussait dans les jardins luxuriants des citĂ©s aztĂšques. Ils utilisaient les bractĂ©es pour obtenir un pigment rouge, destinĂ© Ă colorer les textiles et les produits cosmĂ©tiques.
Câest le 1er ambassadeur des Etats-Unis au Mexique : JoĂ«l Roberts Poinsett (1779-1851), botaniste Ă ses heures, qui le fit connaĂźtre, dâoĂč son nom : Poinsettia.
Robert Buist (1805-1880), pĂ©piniĂ©riste dâorigine Ă©cossaise, vit lâintĂ©rĂȘt de cet arbuste Ă floraison hivernale pour entreprendre sa production commerciale. Câest ainsi que quelques annĂ©es plus tard, le Poinsettia connut le succĂšs Ă New-York et Philadelphie pendant les fĂȘtes de NoĂ«l !
Il fallut attendre 1923 pour que les horticulteurs europĂ©ens sâen prĂ©occupentâŠ
Le Poinsettia a sa journée internationale : le 12 décembre, date de la mort de Joël Poinsett.
PS : Le latex des euphorbes est toxique, celui du Poinsettia est dâune toxicitĂ© plus lĂ©gĂšre, mais attention aux allergies, en cas de contact avec ce « lait blanc ».
19 janvier 2021
La Rose de Noël , 1er épisode : des fleurs blanches en hiver !
Peut-ĂȘtre vous a-t-on offert pour NoĂ«l ou le 1er de lâan une Rose de NoĂ«l ?
Prenez le temps de lâadmirer et dĂ©couvrez une plante fascinante avant de la mettre en terre dans votre jardin.
Capable de percer la neige, la Rose de NoĂ«l ouvre les corolles de ses fleurs durant tout lâhiver, malgrĂ© le froid. Blanches, parfois teintĂ©es de rose, elles sâombrent de vert Ă maturitĂ© et en fin de floraison.
Un peu de botanique !
Chaque fleur, placĂ©e au sommet dâune longue « tige » marbrĂ©e de pourpre : (le pĂ©doncule), est formĂ©e de 5 sĂ©pales pĂ©taloĂŻdes (qui ressemblent Ă des pĂ©tales). Contenant du nectar, les vrais pĂ©tales sont trĂšs petits, verts et tubulaires. Ils sont appliquĂ©s contre une couronne de nombreuses Ă©tamines jaunes dâor qui enserrent le pistil.
Le pistil deviendra un fruit à 5-7 follicules terminés par un bec et contenant des graines marron foncé.
Ses feuilles palmĂ©es constituĂ©es de 7 Ă 9 folioles rayonnants, lancĂ©olĂ©s et grossiĂšrement dentĂ©s, sont persistantes. On les dit mĂȘme « pĂ©dalĂ©es », du fait de leurs folioles latĂ©raux unis Ă leur base. Ces feuilles vert foncĂ©, coriaces vivent environ 8 mois, puis disparaissent tandis que les nouvelles sont dĂ©jĂ sorties de terre.
Sur le haut des « tiges » florales, 1 à 3 petites bractées ovales, parfois terminées par de petites dents : à ne pas confondre avec les vraies feuilles.
Fleurs mellifĂšres Ă la fragrance fraĂźche et sucrĂ©e, elles sont adoptĂ©es pour crĂ©er des parfums dâambiance. « LâhellĂ©bore : on adore » !
20 janvier 2021
La rose de Noël , 2Úme épisode : bénéfique ou maléfique ?
Un nom latin qui pose question !
On lâappelle Helleborus niger, « niger » voulant dire « noir », pourquoi un tel paradoxe? De blanche, elle passe au noir ! Câest sous terre quâil faut creuser : sa souche est formĂ©e de courts rhizomes et de racines noirĂątres.
Helleborus vient du grec « Helleboros » ou « Elleboros » de « HeleĂŻn » : faire mourir et « Bora » : nourriture. Avertissement ! lâHellĂ©bore est un poisonâŠ
De sa blancheur, symbole de lâinnocence, elle passe Ă celle de la noirceur. NâĂ©tait-elle pas associĂ©e Ă la magie noire au Moyen-Age ?
DĂšs lâantiquitĂ©, elle Ă©tait un remĂšde contre la folie. On raconte quâHeracles rendu fou par un charme dâHera, au point de tuer ses propres enfants, recouvre la raison grĂące Ă de lâextrait de racine dâHellĂ©bore. Une croyance qui a perdurĂ© jusquâau Moyen-Age.
SurnommĂ©e « lâherbe aux fous », on lâutilisait Ă tort contre la dĂ©mence, les maladies mentales et comme stimulant cardiaque pour les personnes ĂągĂ©es : une issue fatale⊠LâhellĂ©bore contient des substances trĂšs toxiques, telles lâhellĂ©borine qui agit sur le systĂšme nerveux et lâhellĂ©borĂ©ine qui agit sur le cĆur (comme la digitaline). Câest aussi un purgatif violent.
MystĂ©rieuse plante, considĂ©rĂ©e comme magique, que lâon plantait au seuil des maisons pour conjurer le mauvais sort, qui Ă©loignait les sorciĂšres et la folie et qui protĂ©geait le bĂ©tail : on perçait lâoreille de lâanimal, quand il semblait empoisonnĂ©, pour lui introduire un morceau de racine de Rose de NoĂ«l. En 24h, il Ă©tait rĂ©tabli !
Mais plante toxique, comme celles de la famille des renonculacĂ©es (anĂ©mone, bouton dâorâŠ) dont elle fait partie. Une protection efficace contre les herbivores !
Blanche, mais noireâŠ
MellifĂšre, mais trĂšs toxiqueâŠ
Etrange⊠tantÎt au masculin, tantÎt au féminin, portant son nom avec un « h » ou sans « h » : un(e) hellébore ou un(e) ellébore, éloignant les mauvais esprits ou les invoquant !
Lâassociation de lâHellĂ©bore noir Ă la folie, a valu Ă la Rose de NoĂ«l sa symbolique dâamour inquiet, voire angoissĂ©, dans le langage des fleurs : « Rassure-moi de ton amour, ton silence mâinquiĂšte »
21 janvier 2021
La Rose de Noël, 3Úme épisode : légende et littérature
La légende
« Madelon, une petite bergĂšre, voit passer dans son champ enneigĂ©, la nuit de la naissance de JĂ©sus, les rois mages et les bergers apportant leurs prĂ©sents au nouveau-nĂ©. Nâayant pas de cadeaux Ă lui offrir, elle se met Ă pleurer. Un ange voit ses larmes dans la neige et les effleure : une fleur blanche ombrĂ©e de rose apparaĂźt. La Rose de NoĂ«l Ă©tait nĂ©e ! »
PlacĂ©e dans certaines crĂšches depuis le Moyen-Age, la Rose de NoĂ«l symbolise la puretĂ© et rappelle cette lĂ©gende Ă lâorigine du nom de la « Rose ».
La littérature
« Il Ă©tait bien rare que Sido nâeĂ»t pas trouvĂ© dans le jardin, vivaces Ă©panouies sous la neige, les fleurs de lâellĂ©bore que nous appelons Rose de NoĂ«l. En bouquet au centre de la table, leurs boutons clos, ovales, violentĂ©s par la chaleur du beau feu, sâouvraient avec une saccade mĂ©canique qui Ă©tonnait les chats et que je guettais comme eux. »
Colette, De ma fenĂȘtre, 1942
Le liĂšvre et la Tortue
« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le liÚvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous nâatteindrez point
SitĂŽt que moi ce but. â SitĂŽt ? Ătes-vous sage ?
Repartit lâanimal lĂ©ger
Ma commĂšre, il vous faut purger
Avec quatre grains dâellĂ©bore
- Sage ou non, je parie encore (âŠ) »
Jean de La Fontaine
Pourquoi « le LiĂšvre de La Fontaine » conseille Ă la Tortue de se purger avec « quatre grains dâellĂ©bore » ?
Autrefois, il Ă©tait conseillĂ© de se purger avec 2 graines dâhellĂ©bore. On peut avancer lâhypothĂšse quâen multipliant le chiffre par 2, elle peut Ă la fois se purger et soigner sa folieâŠ
« Elle a besoin de six graines dâhellĂ©bore, Monsieur, son esprit est tournĂ©âŠÂ »
MoliĂšre, dans Amphitryon
« Souvent notre bonheur malgrĂ© nous sâĂ©vapore
Et nous aurions besoin, tous, dâun grain dâhellĂ©bore. »
Jean-François Regnard (1655-1709)
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22 janvier 2021
La Rose de Noël , 4Úme épisode : du milieu naturel au jardin
La Rose de NoĂ«l pousse Ă lâĂ©tat sauvage dans les sous-bois qui couvrent les pentes des Alpes calcaires dâEurope centrale et orientale : Alpes, Carpates, Apennins entre 300 et 1800m dâaltitude. Elle pousse Ă lâombre, souvent sous des arbres Ă feuillage caduc. Elle a besoin de lumiĂšre solaire en hiver !
Il existe une vingtaine dâespĂšces du genre Helleborus.
Parmi elles :
- Helleborus argutifolius ou HellĂ©bore de Corse, aux fleurs vert-tilleul trĂšs mellifĂšres, qui peut mesurer jusquâĂ 1m de haut, mais qui ne supporte pas nos climats.
- Helleborus orientalis, lâhellĂ©bore oriental ou Rose de carĂȘme, dont sont issus de nombreux hybrides : plus faciles Ă cultiver que la Rose de NoĂ«l, avec une grande diversitĂ© de couleurs et de formes. Ils sâadaptent Ă tous les terrains et leur floraison est plus tardive : de fĂ©vrier Ă mai. (La Rose de NoĂ«l a certaines exigences et demande un sol calcaire).
- Helleborus foetidus, lâHellĂ©bore fĂ©tide (Ă dĂ©couvrir au 5Ăšme Ă©pisode)
Plantez des Roses de NoĂ«l et des Roses de carĂȘme dans des lieux semi-ombragĂ©s. Ils se plairont sâils ont de la compagnie et vous aurez de belles surprises au jardin !
23 janvier 2021
La Rose de Noël , 5Úme et dernier épisode : Hellébore fétide, ! Helleborus foetidus
Son nom exhale son odeur plutĂŽt dĂ©sagrĂ©able! Ne froissez pas ses grandes feuilles finement palmĂ©es en Ă©ventailâŠ
Les serpents aimeraient, paraĂźt-il, se lover Ă leurs pieds, dâoĂč son surnom : Rose de serpent !
Dans les forĂȘts clairsemĂ©es, les lisiĂšres forestiĂšres, au bord des sentiers, on ne peut pas Ă©chapper Ă cette grande plante isolĂ©e, Ă longue floraison entre janvier et avril. Il lui faut 5 Ă 9 ans, pour fleurir 2 annĂ©es de suite avant de mourir.
Ses fleurs qui pendent comme des clochettes, montrent leur partie externe : les 5 sépales verts, parfois bordés de rouge. Ils abritent les pétales et les organes reproducteurs, des intempéries.
A lâintĂ©rieur de ce calice, 5 courts pĂ©tales en cornet renferment le nectar, trĂšs apprĂ©ciĂ© en cette saison par les diptĂšres, les abeilles et les bourdons. Plus Ă©tonnant, dans ce nectar vivent des levures (champignons unicellulaires) qui, en consommant les sucres, fermentent et dĂ©gagent de lâĂ©nergie qui augmente la tempĂ©rature Ă lâintĂ©rieur de la fleur.
Une vĂ©ritable corne dâabondance qui attire les pollinisateurs en cette pĂ©riode hivernale : ils y trouveront nourriture et chaleur.
En Ă©change ils se chargeront du pollen pour aller fĂ©conder dâautres fleurs.
Le pollen sera libĂ©rĂ© par vagues successives : toutes les Ă©tamines dâune fleur ne sont pas mĂ»res en mĂȘme temps : une Ă 3 semaines selon les conditions mĂ©tĂ©o. Une pĂ©riode nĂ©cessaire, car les abeilles et bourdons, frileux, ne sont pas trĂšs nombreux en hiver.
Quand les sĂ©pales des fleurs sont bordĂ©s de rouge, elles ont Ă©tĂ© fĂ©condĂ©es : un signal pour les pollinisateurs : « fleurs fĂ©condĂ©es, plus de nectar : passez votre cheminâŠÂ » Un gain de temps et dâĂ©nergie en cette saison!
Les fruits, formĂ©s de 2 Ă 4 follicules pourvus dâun bec, contiennent des graines noires, munies dâun Ă©laĂŻosome, excroissance charnue et sucrĂ©e : le bonbon des fourmis ! Celles-ci se chargeront de transporter les graines jusquâĂ leur fourmiliĂšre, mais elles nâarriveront pas toutes Ă destination ! Les fourmis en perdent en chemin : une façon dâessaimer la plante.
MystĂ©rieuses, sĂ©ductrices, magiques, empoisonneuses, les hellĂ©bores, quâelles soient Roses de NoĂ«l, Roses de CarĂȘme ou Roses de Serpent, on les aime !
9 février 2021
Les nivéoles sont de retour !
Dans le bois entre Offemont, Roppe et Eloie, se cachent, dans un vallon humide sous des feuillus (charmes, hĂȘtres, Ă©rables), des centaines de petites clochettes blanches : les nivĂ©oles.
NivĂ©ole et perce-neige sont souvent confondus, ils font partie de la mĂȘme famille : les amaryllidacĂ©es, mais ne se plaisent pas ensemble : Ils ne frĂ©quentent pas les mĂȘmes stations !
La nivĂ©ole printaniĂšre est de plus grande taille. De chaque pied se dressent 3 ou 4 feuilles Ă©troites et allongĂ©es, dâun beau vert foncĂ© luisant, ainsi quâune longue tige au bout de laquelle pend une seule fleur en forme de clochette. Celle-ci sort dâune bractĂ©e qui la protĂšge comme un petit capuchon, des rigueurs de lâhiver avant la floraison.
Ătymologiquement, on pourrait lâappeler « violette blanche » (son nom scientifique, Leucojum vernum vient du grec Leucos : blanc et ion : violette, et du latin vernus : printanier. Peut-ĂȘtre est-ce dĂ» Ă son odeur dĂ©licate, car elle ne ressemble pas Ă une violette ! Un nom plus populaire : « le grelot blanc » lui est attribuĂ©, mais on lui prĂ©fĂšre « nivĂ©ole » pour rappeler la neige (du latin niveus : neigeux). Ses 6 tĂ©pales blancs de mĂȘme taille ont leurs extrĂ©mitĂ©s ponctuĂ©es de vert. Les tĂ©pales du perce-neige (Galanthus nivalis) sont inĂ©gaux (3 grands sĂ©pales blancs et 3 courts pĂ©tales bordĂ©s de vert).
La nivéole se multiplie par son bulbe souterrain, mais elle peut aussi se reproduire par ses graines réunies dans une capsule en forme de petite poire. Les fourmis se chargeront de les semer de-ci, de- là , à proximité de la colonie.
En mai-juin, les parties aĂ©riennes de la nivĂ©ole disparaissent. Seul le bulbe subsiste dans le sol pour se rĂ©veiller⊠lâhiver prochain.
Hier, les pieds dans lâeau et annonçant le printemps, aujourdâhui sous un manteau blanc, ces petites clochettes blanches ont retrouvĂ© la neige !
TĂ©pales : nom donnĂ© aux sĂ©pales et aux pĂ©tales ayant la mĂȘme apparence.
Bractées : « petite feuille » à la base de la fleur.
AgnĂšs Greset,
fin
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