1er Ă©pisode :Â Du jaune dans la prairie !
Un champignon : Hygrocybe chlorophana (Hygrophore jaune-verdùtre)
- Des chapeaux jaunes  dispersĂ©s dans la prairie, mais pas nâimporte laquelle : une prairie sans engrais, mĂȘme les vaches nâont pas le droit de brouter sur leurs « plates-bandes ».
Ils font partie dâune grande famille (les HygrophoracĂ©es).
Un groupe, les Hygrocybes, vit dans les prés. Ils ont des chapeaux de couleur vive (rouges, jaunes, verts, oranges et aussi des blancs). Ils aiment se faire remarquer !
Un autre, les Hygrophores, aux chapeaux plus ternes (beige, gris, orangĂ©, bruns, blancs Ă blanchĂątres), vit dans les bois. Ils sont plus discretsâŠ
- Celui-ci est jaune citron à jaune orangé,  visqueux ou gras au toucher. avec des lames  plus pùles.
Tous ces champignons sont à protéger. Les prairies naturelles se raréfient et les sangliers y font aussi des dégùts!
2eme Ă©pisode : Le CĂšpe de Bordeaux (Boletus edulis)
Qui nâa pas rĂȘvĂ© de trouver le plus gros bolet et dâen remplir son panier ! Dâailleurs, sur les journaux, les photos des plus gros spĂ©cimens sont lĂ©gion pendant la saison.
Roi de la forĂȘt, il focalise tous nos instincts primitifs et quand on le trouve Ă lâĂ©tat de « petit bouchon de champagne » ou dâĂ©norme champignon au chapeau arrondi et au pied ventru, câest le Graal ! Tant pis pour les autres champignons qui sont dĂ©laissĂ©s et ne peuvent rivaliser.
Comme tous les bolets, il a des tubes sous le chapeau, dâabord blancs, crĂšmes, puis jaunes et jaune-verdĂątre. Son chapeau est plus ou moins brun fauve et lisse au toucher.
Les bolets entretiennent dâĂ©troites relations avec les arbres (les chĂȘnes et dâautres feuillus et conifĂšres). Leurs filaments mycĂ©liens sâentremĂȘlent avec les radicelles de lâarbre : une association Ă bĂ©nĂ©fices rĂ©ciproques, appelĂ©e « mycorhize » : le champignon assure Ă lâarbre une meilleure alimentation en eau et en sels minĂ©raux, lâarbre lui donne en Ă©change  des matiĂšres organiques quâil fabrique par photosynthĂšse.
Un bel exemple de solidarité !!
3eme épisode : La Pézize vésiculeuse (Peziza vesiculosa)
Tous les champignons ne sont pas aussi difficiles et dĂ©licats que les Hygrocybes ! Certains aiment que les vaches broutent sur leurs pĂątures, comme le RosĂ© des prĂ©s (Agaricus campestris) si apprĂ©ciĂ© des gourmets et dont le cousin nâest autre que le Champignon de Paris (sa variĂ©tĂ© cultivĂ©e) !
Dâautres nâhĂ©sitent pas Ă adopter le crottin de cheval, la paille pourrissante du fumier⊠Lâun de ses adeptes est la PĂ©zize vĂ©siculeuse qui sort de sa litiĂšre sans chapeau !
En forme de coupe peu ouverte, beige, à chair fragile, ces pézizes poussent souvent en groupes, serrées les unes contre les autres.
4eme Ă©pisode : LâArmillaire couleur de miel (Armillaria mellea)
Si la forĂȘt nous paraĂźt paisible et accueillante, un lieu oĂč lâentraide existe (cf. Bolet et chĂȘne), elle est aussi un territoire de conflits et certains champignons y sont pour quelque chose !
LâArmillaire couleur de miel est de ceux-lĂ . Sâil se trouve au pied dâune souche dâarbre, il ne fait que son devoir : dĂ©composer la matiĂšre organique morte de la souche qui retourne Ă la nature. Il vit alors en « saprophyte ». Mais quand il a dĂ©cidĂ© de sâinstaller au pied dâarbres vivants (dĂ©jĂ fragilisĂ©s), câest leur arrĂȘt de mort ! Il introduit ses longs rhizomorphes (filaments mycĂ©liens agglutinĂ©s) entre lâĂ©corce et lâaubier et leur vie bascule. Lâarmillaire est devenu un redoutable parasite, ce qui ne lâempĂȘche pas de continuer Ă se nourrir en saprophyte, sans aucun remords, quand la sentence sera tombĂ©e. Pourtant son nom Ă©voque bien des dĂ©lices.
La forĂȘt : un univers impitoyableâŠ
Les champignons qui poussent sur les souches oĂč Ă leur pied sont souvent en groupes, bien serrĂ©s les uns contre les autres : lâunion fait la force !
5eme Ă©pisode : « Lâarbuste aux bonbons »
Il a des petits fruits dâune couleur Ă©tonnante : le violet. Encore peu courant dans nos haies, le voir est un enchantement. Quel est cet arbuste? DâoĂč vient-il ? Qui le connaĂźt ?
Ces petits bonbons violets, groupĂ©s en petites billes compactes sur les rameaux, sont ceux du Callicarpa bodinieri : le Callicarpe de Bodinier, la forme la plus courante du genre : Callicarpa (son nom vient du grec « kallos », beau et « karpos », fruit. Son nom dâespĂšce : « bodinieri », rappelle que cet arbuste fut envoyĂ© de son pays dâorigine, la Chine, au musĂ©um dâhistoire naturelle de Paris en 1887, par un missionnaire français botaniste : le PĂšre Emile Maria Bodinier.
En juillet des petites fleurs roses sâĂ©panouissent discrĂštement en bouquets, sur les rameaux de lâannĂ©e.
Dans lâancienne classification, le Callicarpa faisait partie de la famille des VerbĂ©nacĂ©es (VerveineâŠ), maintenant on lâa transfĂ©rĂ© dans celle des LamiacĂ©es (Sauge, MentheâŠ) !
6eme Ă©pisode : Le ChĂȘne de la trompette
Pour ceux qui connaissent le village dâOffemont, la rue du « chĂȘne » qui permet dâaccĂ©der Ă la forĂȘt peut interpeller. OĂč est ce chĂȘne ? Pour quâil ait une rue Ă lui seul, il doit ĂȘtre important, voire imposant !
Mais cet arbre remarquable nâexiste plus ! Pourtant des gĂ©nĂ©rations dâĂ©coliers offemontois ont accompli leurs « exploits sportifs » sous son ombre bienveillante ! Ayant vĂ©cu plusieurs siĂšcles, il a certainement Ă©tĂ© contemporain de Charlemagne. Mais il ne put rĂ©sister au terrible verglas de 1978 : il  fallut lâabattre !
Ce grand chĂȘne, au tronc Ă©norme et Ă lâenvergure puissante,  a servi de lieu de rendez-vous aux « Chevaliers de la Liberté » : des conjurĂ©s bonapartistes ou rĂ©publicains du « complot de Belfort ». Ce complot qui Ă©tait destinĂ© Ă servir de dĂ©tonateur Ă un mouvement plus vaste, Ă lâĂ©chelle de la France, devait Ă©clater dans la nuit du 1er au 2 janvier 1822. Il Ă©choua par suite de lâimprudence de quelques conjurĂ©s.
Les rĂ©unions de ces conspirateurs Ă©taient annoncĂ©es « à coups de trompettes », dâoĂč le nom de lâarbre : « Le ChĂȘne de la trompette ».
Selon une légende à Offemont, on y commandait les garçons, (les filles, à la Miotte) !
7eme Ă©pisode : Le Houx
PremiÚre neige, approche de Noël : les petites boules rouges du houx concurrencent celles de nos sapins !
Ilex aquifolium de la famille des aquifoliacĂ©es. Ilex dĂ©signe en latin : le chĂȘne vert, pour la ressemblance de leurs feuilles et « aquifolium » : Ă feuilles Ă©pineuses, (de « folium », feuille et de « acus », aiguille).
Le houx pratique lâhĂ©tĂ©rophyllie ! Ses feuilles se prĂ©sentent sous plusieurs formes : des feuilles hĂ©rissĂ©es de piquants aux feuilles Ă bords entiers, avec tous les intermĂ©diaires.
Ses petites fleurs blanches (mĂąles ou femelles) sont trĂšs discrĂštes au printemps.
Il nâest pas nĂ©cessaire de le planter : les merles et les grives sâen chargeront. Friands de leurs petites drupes rouges Ă chair farineuse (fruits Ă 2 Ă 4 noyaux), ils en sĂšmerontâŠ
Pour nous, elles sont toxiques. Mais si un ami alsacien passe par lĂ , il vous fera peut-ĂȘtre goĂ»ter de lâeau de vie de fruits de houx (une tradition alsacienne). DistillĂ©e, elle nâest pas toxique, mais au goĂ»t, rien ne vaut les fruits de Franche-ComtĂ©Â !! ExpĂ©rience dĂ©conseillĂ©eâŠ
Ne vous Ă©tonnez pas si votre houx est dĂ©garni : Vous nâavez pas de chance : câest un arbre mĂąle ! Il nây a que les arbres femelles qui auront de superbes petites boules rouges, Ă condition quâun arbre mĂąle se trouve Ă proximitĂ©… Alors, allez chez votre voisin plus chanceux pour prĂ©parer vos dĂ©corations de NoĂ«l !
(Exceptionnellement, un arbre peut ĂȘtre mĂąle et femelle).
Le houx porte bonheur, car il est toujours vert. Il est le symbole des fĂȘtes religieuses et paĂŻennes. Une branche de houx, une couronne de houx devant sa porte et câest dĂ©jĂ NoĂ«l !
8eme épisode : Un oiseau de paradis ! le Strelitzia
Pour la petite histoire, en 1761, Charlotte de Mecklenburg-Strelitz Ă©pousa le roi George III de Grande Bretagne. A cette occasion, le directeur du jardin botanique de Kew offrit Ă la jeune mariĂ©e de 17 ans un bouquet de fleurs exotiques quâil avait baptisĂ© Strelitzia reginae en lâhonneur de la nouvelle reine et de son duchĂ© dâorigine.
Originaire dâAfrique du Sud, chez nos fleuristes, dans les bouquets exotiques, les fleurs nous viennent des Antilles, de TahitiâŠ, mais il peut pousser sous nos contrĂ©es, Ă condition quâil ait du soleil et de la chaleur. Il lui faut cependant un certain temps pour fleurir : 5 Ă 6 ans ! Ses grandes feuilles longuement pĂ©tiolĂ©es ressemblent Ă des pagaies disposĂ©es sur 2 rangs, en forme dâĂ©ventail.
Et quand arrive la tige florifĂšre, le spectacle dâun oiseau prĂȘt Ă sâenvoler dure des semaines et fait rĂȘver!
Cet  « oiseau » sort dâune spathe horizontale : sorte de feuille pointue et rigide ressemblant Ă un bec duquel Ă©mergent 1 puis 2, 3, 4, 5⊠fleurs en crĂȘtes de couleurs vives : son plumage !
Dâabord, la spathe se gonfle : on voit apparaĂźtre une couleur orange. Câest pour aujourdâhui ? Non ! Demain, aprĂšs-demain ?⊠et quand on ne sây attend pas, au matin, 2 sĂ©pales oranges sont dĂ©jĂ dĂ©ployĂ©es comme les ailes dâun oiseau, suivies de 3 pĂ©tales dâun bleu-violet incomparable. 2 des 3 pĂ©tales sont reliĂ©s entre eux en formant une flĂšche terminĂ©e par une pointe blanche : le stigmate du pistil. Quand on appuie sur les ailes de cette flĂšche, les Ă©tamines et leur pollen apparaissent. Le 3Ăšme pĂ©tale se trouve Ă la base des deux autres. La fleur est cependant incomplĂšte ! 2 Ă 3 jours aprĂšs son Ă©closion, un nouveau sĂ©pale se dresse. Reste Ă attendre la prochaine fleur ! Une fleur pudique qui ne se dĂ©voile quâĂ lâabri des regardsâŠ
Obtenir des graines est compliquĂ© : les fleurs ne peuvent pas sâautofĂ©conder. Il faudra une autre plante fleurie pour « jouer » au pollinisateur et attendre quelques mois pour que les graines se forment : tout un protocole Ă respecter !
Le Strelitzia est le symbole de la libertĂ©, de la joie et de lâoptimisme.
En ce 10 décembre 2020 :
–       LibertĂ©Â : pas encore !
–       Joie : pour NoĂ«lâŠ
–       Optimisme : le jour de lâan ?
Photos de la floraison du Strelitzia : du 18 novembre au petit matin du 11 décembre !
Nota : cliquer sur les photos pour les avoir en plein Ă©cran.
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