Pour continuer à maintenir le lien entre les adhérents en cette nouvelle période de confinement, de temps en temps je vous enverrai des informations pour compléter cette rubrique du moment.
Pour cette première, j’ai choisi de raconter l’histoire du Ginkgo en plusieurs épisodes, tellement beau ces derniers temps. Là il perd toutes ses feuilles.
Si vous souhaitez faire de même, n’hésitez pas!
Portez vous bien! Bien cordialement. Agnès Greset
Pour ne pas céder à la morosité et à l’anxiété en cette période de « re-nouveau », suivons la saga d’un arbre qui illumine les journées d’automne : le Ginkgo biloba!
10 Novembre 2020: 1er épisode.
Le Ginkgo biloba : son arrivée en Europe
– « L’arbre aux 40 écus », appelé ainsi depuis qu’un botaniste amateur : Monsieur Pétigny acheta en 1780, 5 pieds de Ginkgo à un botaniste anglais pour 40 écus chacun.
Kaempfer, un médecin et botaniste allemand, qui séjourna au Japon de 1690 à 1692, fut le 1er à décrire cet arbre et à introduire en Europe des jeunes pousses récoltées auprès des temples. Semé en 1730 au jardin botanique d’Utrecht, le plus ancien Ginkgo européen serait hollandais.
Puis, ce fut l’Angleterre et la France où le 1er Ginkgo fut planté en 1778 au jardin botanique de Montpellier. Une bouture de celui-ci fut ramenée à Paris en 1795 au jardin des plantes. Ces deux arbres sont toujours vivants.
Son expansion en Europe fut rapide, ainsi que sa traversée de l’Atlantique, puisque deux arbres de Philadelphie auraient été plantés en 1784.
En 2020, de nombreux Ginkgos ornent les allées des villes, les parcs et les jardins. Près de nous, au square Lechten à Belfort, un Ginkgo remarquable, sans doute le plus ancien spécimen de cette espèce planté dans le département, aurait plus de 80 ans.
– On l’appelle aussi « L’arbre aux mille écus », car ses feuilles tombant au pied de l’arbre en automne, forment un tapis d’un jaune lumineux évoquant des écus d’or.
– « Abricot d’argent » ou « fruit d’argent » est la traduction du chinois « yin-kuo », d’où son nom « Ginkgo ».
11 Novembre 2010 : 2ème épisode.
Le Ginkgo biloba : l’arbre qui a traversé le temps
– Un « fossile vivant », apparu il y a plus de 270 millions d’années ! C’est le seul représentant de la famille des Ginkgoacées, l’une des plus anciennes familles d’arbres au monde. Il a vécu son apogée au temps des dinosaures, pendant l’ère secondaire, et a résisté aux crises successives qui ont secoué la planète ayant entraîné l’extinction de nombreuses espèces, dont celle des dinosaures.
Pourtant, l’ère tertiaire et les glaciations du quaternaire ont failli lui être fatales. Sa disparition sur une grande partie de ses aires de répartition semble être due au refroidissement et au dessèchement du globe et peut-être aussi à une concurrence « déloyale » avec les arbres les plus évolués : les arbres à graines ou spermaphytes.
Réfugié en Chine, il fut certainement utilisé pour du bois de chauffage et consommé pour ses « amandes », très appréciées des chinois.
Il n’existerait plus de ginkgo à l’état sauvage. Mais les chinois l’ont aussi sauvé de l’extinction en le plantant et le multipliant alors qu’il existait encore des stations naturelles, il y a peut-être 3000 ans.
De la Chine, il est arrivé au Japon, puis en Corée vers le XI et le XIIème siècle.
Il était planté dans les « bois sacrés » par les prêtres chinois, dans les jardins et les parcs, autour des temples et des pagodes par les moines bouddhistes japonais, pour les protéger des incendies.
12 Novembre 2020 : 3ème épisode
Le ginkgo biloba : une feuille en éventail.
Ses feuilles en forme d’éventail sont uniques en leur genre. Souples et fermes à la fois, elles sont plus ou moins divisées en 2 lobes par une échancrure médiane (d’où son nom d’espèce « biloba »). Leurs nervures sont rayonnantes. Portées par un assez long pétiole, elles s’attachent par petits groupes sur les rameaux de l’arbre.
Les feuilles du Ginkgo ont toujours inspiré l’art d’extrême- orient : dessin, peinture, sculpture… . Elles ont été également source d’inspiration pour les artistes du mouvement « Art Nouveau » de l’école de Nancy. On peut observer des feuilles de ginkgo sculptées sur les façades des édifices de cette ville. Elles sont aussi prises comme modèles en mosaïque, ferronnerie et orfèvrerie.
13 Novembre 2020 : 4ème épisode
Le Ginkgo biloba : l’arbre qui « pond des ovules »
Le ginkgo n’est ni un conifère, ni un feuillu. Il a des points communs avec la reproduction des fougères et d’autres avec celle des conifères et des plantes à fleurs. En langage botanique, son embranchement est celui des « Préspermaphytes ». Ils ne produisent pas encore de graines, ni de fruits, mais des ovules !
Le ginkgo est une espèce dioïque : les sexes sont séparés. Les individus mâles produisent du pollen, les individus femelles, des « pseudo-fruits » de la taille et de la couleur d’une mirabelle : ce sont des ovules qui mûrissent et se développent indépendamment de toute fécondation. Ils poussent directement sur les rameaux au bout d’un pédoncule. Souvent par deux, l’un avorte. La couche externe de l’ovule devient charnue, comme un fruit. La couche interne, coriace, simule un noyau où se trouve l’amande, comme une graine. Une prégraine en quelque sorte !
Particularité de l’amande : elle est verte, car elle contient de la chlorophylle.
Chez les « Spermaphytes » (conifères et plantes à fleurs), l’ovule devient une graine, une fois la plante fécondée. Les conifères ont des graines nues dans une structure en forme de cône. Les plantes à fleurs ont des graines enfermées dans un fruit : quand la fleur est fécondée, l’ovaire du pistil devient un fruit et les ovules, des graines. (Ex : la vraie mirabelle !)
Tard dans la saison, ces fausses « mirabelles » tombent à terre, seront fécondées si un arbre mâle se trouve à proximité… Elles donneront alors un œuf d’où sortira, sans attendre, une petite plantule. (Une graine, elle, peut patienter des années pour germer).
Le ginkgo : ovipare comme la poule qui pond des œufs ? (mais s’il n’y a pas de coq dans le poulailler, elle aussi pond des ovules !). L’AOC « œuf » étant « ovule + spermatozoïde ».
Un conseil : ne mangez pas et n’écrasez pas ces «mirabelles », elles n’en ont ni le goût, ni l’odeur (une odeur de crotte de chat difficile à éliminer!). Expérience vécue…
14 Novembre 2020: 5ème épisode
Le ginkgo biloba : symbole de longévité et de « résistance »
– Arbre vénéré, il est le symbole de la longévité au Japon. Au jardin botanique de l’université de Sendai, le plus vieux spécimen affiche ses 1250 ans.
– La feuille de Ginkgo est aussi le symbole de la ville de Tokyo adopté en juin 1989. Elle est un signe de croissance, charme, prospérité et tranquillité.
– Lors du tremblement de terre de Tokyo en 1923, un gros incendie a tout détruit, sauf un temple entouré de ginkgos.
– Il a survécu à la bombe d’Hiroshima en 1945. Au centre de la catastrophe, un vieil arbre prit feu, mais au printemps suivant, une jeune pousse jaillit de sa souche calcinée.
– D’une extraordinaire vitalité, il commence à se reproduire à 20 ans et continue à le faire à plus de 1000 ans !
Il résiste à nos pollutions urbaines et
industrielles, ainsi qu’à la pauvreté du sol de nos trottoirs. Aussi est-il planté en ville le long des voies de circulation.
Il résiste aussi aux insectes, aux champignons, aux bactéries et aux virus…
Arbre d’avenir….
Si le Ginkgo a traversé le temps, il n’est cependant pas à l’abri de certaines crises, comme la plantation privilégiée d’individus mâles pour éviter les désagréments de ces « charmantes » petites prunes jaunes qui rendent la chaussée glissante et dégagent une odeur nauséabonde ! Ces cultivars mâles semblables (des clones) empêchent un brassage génétique qui pourrait lui nuire.
Le ginkgo biloba : arbre de l’éternité ?
Il fut l’arbre du passé.
Il est l’arbre du présent.
Il sera l’arbre du futur !
(fin)
publié le :