En cette pĂ©riode de confinement, les sorties botaniques Ă©tant annulĂ©es, j’ai souhaitĂ© vous faire partager mes observations sur les fleurs du jardin : celles que vous avez plantĂ©es et celles qui poussent naturellement, en nous offrant des petits coins de nature Ă notre porte!
Une richesse pour les insectes, les oiseaux et autres animaux, en un mot : pour la biodiversité ! Agnès.
30 avril 2020
GĂ©raniums et compagnie…
Le premier est Ă l’honneur, c’est le 30 avril, jour de sa fĂŞte : GĂ©ranium robertianum, GĂ©ranium herbe Ă Robert!
Les seconds sont les géraniums vivaces, aux fleurs bleues, blanches, roses, pourpres.
Quand ils sont installĂ©s, ils ne veulent plus s’en aller. Si vous avez besoin d’un couvre-sol, faites appel Ă eux, ils rĂ©pondront toujours prĂ©sents, mais deviendront « un peu » envahissants!
Les troisièmes sont les rois du balcon. Qu’ils soient « lierre, double, zonal ou odorant », en « cascades ou en bouquets colorĂ©s », ce sont les pĂ©largoniums, Ă tort appelĂ©s gĂ©raniums!
Mais tous font partie des géraniacées.
GĂ©ranium robertianum est le plus sauvage. Entre 2 pierres, dans les cailloux ou sur un coin de terre, il reste isolĂ©. C’est une plante pionnière.
Pourquoi s’appelle-t-il « Herbe Ă Robert »?
Son nom viendrait plutôt de la couleur rougeâtre de ses tiges poilues (ruber = rouge en latin), qui aurait donné Robert.
Le nom a été finalement attribué à St Robert, 1er évêque de Salzbourg (VIIIème siècle), qui utilisait ses vertus médicinales.
Selon la théorie des signatures, ce géranium possédant des pigments rouges, soigne les problèmes liés à la circulation sanguine, hémorragies, etc.
Pourquoi l’appelle-t-on aussi « Bec de grue »?
Ses fleurs roses, disposĂ©es par deux sur un pĂ©doncule, donneront 2 fruits (capsules) terminĂ©s par un long bec Ă©troit et pointu : les becs de grue!GĂ©ranium vient aussi du grec geranos, dĂ©signant la grue. De lĂ , il n’y a qu’un pas…
Mais le plus inquiĂ©tant, c’est son nom de « Fourchette du diable »! (Ă cause de ses fruits terminĂ©s en pointes).
Toujours en référence à la forme du fruit, le pélargonium se nomme « Bec de cigogne »!. Son nom vient du grec pelargos : la cigogne.
Il nous vient d’Afrique du Sud, comme les cigognes Ă leur retour…
Mais depuis, que de variétés ont été créées, qui iront colorer vos fenêtres et vos balcons.
Pendant l’Ă©tĂ©, un papillon Ă©tonnant, le Moro-sphinx, vient butiner les fleurs avec sa longue trompe. SpĂ©cialiste du vol stationnaire, ses ailes vibrent comme celle des oiseaux-mouches. C’est notre petit sphinx-colibri!
Sur l’ile de la rĂ©union, on distille les feuilles du gĂ©ranium rosat (un pĂ©largonium) pour en extraire une huile essentielle aux multiples vertus anti… inflammatoire, bactĂ©rien, fongique… et qui est aussi utilisĂ©e en parfumerie.
Un petit parfum d’exotisme en cette dernière journĂ©e du mois d’avril…
29 avril 2020
La giroflĂ©e : une oubliĂ©e des jardins de nos grands-mères…
La giroflĂ©e des murailles (Erysimum cheiri), aux couleurs chaudes et chatoyantes : jaune, orange, rouge, bigarrĂ©es, se plait dans les rocailles, près des murs et n’a pas besoin d’un sol riche pour prospĂ©rer.
Son système racinaire est peu dĂ©veloppĂ© et elle se ressème facilement. Ses fruits secs : des siliques allongĂ©es et dressĂ©es comme des Ă©pĂ©es, s’ouvrent en expulsant des petites graines toxiques!
On raconte que les croisés la rapportèrent de Méditerranée orientale.
Elle doit son nom Ă son odeur qui ressemble Ă celle du clou de girofle…
Jaune, elle est surnommĂ©e « bâton d’or ».
Rouge, elle rappelle la croix des templiers.
Ses fleurs plates formĂ©es de 4 larges pĂ©tales en croix (c’est une brassicacĂ©e ou crucifère!) s’Ă©tiolent au bout de quelques jours, mais sont vite remplacĂ©es par d’autres boutons prĂŞts Ă s’Ă©panouir.
C’Ă©tait la fleur prĂ©fĂ©rĂ©e de la reine Marie-Antoinette qui en fit planter dans les jardins du Petit Trianon.
La giroflée au parfum envoûtant saura vous charmer!
28 avril 2020
Entre Fraise, potentille, faux-fraisier, faux-fruit, vrai fruit, dans le jardin ou Ă cĂ´tĂ©, qu’elle soit du genre « Fragaria » ou « Potentilla », c’est Ă y perdre son latin. Mais elles sont toutes de la mĂŞme famille, celle des rosacĂ©es.
La potentille faux-fraisier (Potentilla sterilis) est une petite plante duveteuse, aux feuilles formées de 3 folioles dentées et aux fleurs blanches dont les pétales bien écartés, en forme de coeur, laissent voir les sépales verts du calice.
Elle ressemble Ă un petit fraisier, mais elle ne fait pas de fraise!
La fraise des bois (Fragaria vesca) porte de dĂ©licieuses petites fraises qui pendent au bout d’un pĂ©doncule. Elles se forment Ă partir d’un rĂ©ceptacle floral qui devient charnu et donne la fraise sur laquelle se trouve de nombreux petits fruits secs : les akènes. La fraise est donc un faux-fruit!
Les pétales de ses fleurs blanches sont rapprochées.
Le fraisier des Indes (Potentilla indica), fraisier de Duchesne ou faux-fraisier, porte ses petites fraises rouges dressées avec des akènes du même ton. Leur chair est blanche et elles sont insipides. Ses petites fleurs sont jaunes.
La fraise, du genre Fragaria, aux nombreuses variĂ©tĂ©s qui font saliver : la fraise de Plougastel, la fraise du PĂ©rigord, la Charlotte, la Garriguette, la Mara des bois…. est, elle aussi, un faux-fruit charnu, avec ses akènes : les vrais petits fruits secs!
En 1714, un officier du génie maritime, Amédée François frézier rapporta en fraude du Chili des pieds de fraisiers donnant de gros fruits blancs, cultivés par les amérindiens.
En 1740, le botaniste Antoine Nicolas Duchesne observe qu’un fraisier du Chili cultivĂ© près d’un fraisier de Virginie, donne de beaux fruits : Un hybride Ă©tait nĂ©! C’est de cette hybridation que provient l’essentiel des variĂ©tĂ©s cultivĂ©es!
Il ne reste plus qu’Ă les dĂ©guster…
27 avril 2020
Pour ceux qui ont des enfants et des petits-enfants, elle est très connue cette princesse aux longs cheveux blonds.
Pour ceux qui ont lu « la cardamine et le tricholome de la St Georges », ils ont vu passer l’Aurore : ce papillon aux ailes blanches et oranges.
OĂą veut-elle en venir avec ses devinettes, me direz-vous?
Un ami m’a envoyĂ© une raiponce…
Maintenant une faute d’orthographe! Ne serait-ce pas les effets du confinement?
Pas encore!!!
Alors reprenons depuis le début!
Raiponce, ça ne vous dit rien, les parents et grands-parents? La princesse confinĂ©e Ă vie par la sorcière Mère Gothel, vue et revue par ces chères petites tĂŞtes brunes, blondes et rousses, Ă leur tour confinĂ©es…
L’Aurore, ce papillon qui butine les cardamines et qui aime aussi les raiponces!
Alors vous avez trouvé : la raiponce est une jolie fleur bleue des sous-bois, une campanulacée qui peut être blanche et qui dresse ses épis au bord des sentiers.
Avec ses fleurs quelque peu ébouriffées, elle peut être en épi (Phyteuma spicatum) ou à tête ronde (Phyteuma orbiculare), mais elle ne forme pas des clochettes, comme les autres campanules!
C’est le moment de redĂ©couvrir « Raiponce », ce grand classique, avec les enfants et de chanter avec eux « OĂą est la vraie vie », dans l’air du temps…
26 avril 2020
« Ne m’oubliez pas » : le Myosotis : Un chevalier et sa dame se promenaient au bord de l’eau. Il se pencha pour lui cueillir une fleur, mais dĂ©sĂ©quilibrĂ© par le poids de son armure, il tomba Ă l’eau. Il lança la fleur Ă sa bien-aimĂ©e en lui criant « Ne m’oubliez pas » et se noya!
Cette phrase est restĂ©e pour dĂ©signer la fleur en allemand « Vergissmeinnicht », en anglais « Forget me not » et… en chinois « WĂąwĂ ngwo » (n’y voyez pas une quelconque ressemblance…).
« Oreille de souris » est son nom grec « de myos (souris) et otis (oreille), à cause de ses feuilles arrondies et velues comme les oreilles de la souris.
Ses petites fleurs bleues, parfois roses ou blanches se regroupent en cymes (terme botanique). Au centre, un petit « oeil » jaune.
L’aspect de la fleur Ă©volue en mĂŞme temps que sa maturitĂ© et sa production de nectar. Ses pĂ©tales, d’abord roses deviennent bleus, en fonction de son pH (d’abord acide, puis basique) et l’ « oeil » jaune devient orange. Les insectes viennent alors se gorger de nectar et ainsi polliniser la fleur. Une fois fĂ©condĂ©e, son petit « oeil » blanchit : l’insecte passe son chemin : il n’y a plus rien Ă voir (ou plutĂ´t Ă butiner!).
Sa famille est celle des borraginacées (comme la bourrache).
Symbole de l’amour Ă©ternel et de la fidĂ©litĂ©, le Myosotis est aussi la fleur du souvenir.
Devenu l’emblème des causes pour le refus de l’oubli : les malades d’Alzheimer, les enfants disparus, le gĂ©nocide armĂ©nien et l’emblème maçonnique adoptĂ© en 1948, en souvenir des souffrances des franc-maçons persĂ©cutĂ©s par les nazis.
Le Myosotis : une fleur Ă ne pas oublier!!!
23 avril 2020
La cardamine des prés et le tricholome de la St Georges!
Quel rapport entre cette plante et ce champignon ?
C’est le jour de leur fĂŞte le 23 avril!
On appelle aussi la cardamine, l’herbe de la St Georges. Moment oĂą elle s’Ă©panouit et oĂą le champignon sort son chapeau!
La cardamine est une brassicacĂ©e (anciennement « crucifère »), car les 4 pĂ©tales de ses fleurs sont en croix, comme le colza, la moutarde des champs, le chou, le cresson…
Ses fleurs mauves forment une grappe lâche au sommet de la tige. Elles deviendront des fruits secs (siliques), dressĂ©s, obliques et Ă©troits avec un bec très court. Fruits qui, en s’ouvrant, explosent et dispersent les graines.
C’est une plante vivace qui peut mĂŞme se multiplier Ă partir de l’une de ses feuilles, en contact avec le sol humide : celle-ci formera un clone en dĂ©veloppant autour d’elle un rĂ©seau de racines.
C’est aussi la plante-hĂ´te d’un papillon : le bel Aurore aux ailes blanches et oranges. Il aurait mĂŞme un goĂ»t de moutarde, ses chenilles Ă©tant friandes de toutes ces crucifères aux saveurs piquantes. MĂ©sanges : s’abstenir!
Quant au tricholome de la St Georges (Calocybe gambosa), un champignon blanc crème, charnu, épais, robuste et trapu, mais à la peau (cuticule) douce et veloutée, il se cache sous la végétation, dans la mousse, les bosquets, les taillis et apprécie la présence des aubépines et des prunelliers.
Souvent en groupe ou formant des ronds de sorcières, il est repéré par les amateurs. Son odeur de farine permet aussi de le reconnaitre. Une chair ferme et une saveur assez particulière en font des adeptes!
On l’appelle aussi « mousseron de printemps ».
22 avril 2020
21 avril 2020
Les MORILLES. Laisser passer le mois d’avril sans parler des morilles, serait « un crime de lèse-majesté »…
Cette annĂ©e, elles ne peuvent que vous donnez envie, Ă moins qu’il ne vous en reste encore, sĂ©chĂ©es, dans des bocaux bien Ă l’abri!
Mais peut-ĂŞtre, sur un coin inculte dans votre jardin, Ă la place d’un arbre coupĂ©, apparaitront ces chapeaux alvĂ©olĂ©s, tant convoitĂ©s!
Brunes ou blondes, Ă©lancĂ©es ou rondes, ne les consommez qu’après les avoir sĂ©chĂ©es. Il faudra aussi bien les cuire : elles sont toxiques Ă l’Ă©tat cru !
Ces morilles font partie d’un grand groupe de champignons : les ascomycètes. Ceux-ci n’ont pas de lames, ni de tubes sous le chapeau, mais sont creusĂ©s de cavitĂ©s , en forme de coupe, etc.
Pour leur nom de genre, pas trop de difficultĂ©s : Morchella (Morille), mais pour le nom d’espèce, pas simple! « elata », pour les morilles Ă©levĂ©es, mais aussi conica, deliciosa…, « esculenta », pour les rondes, mais encore « rotunda »…
La génétique est maintenant là pour confirmer ou départager ce qui est une affaire de spécialistes!!
L’annĂ©e 2019 Ă©tait un grand cru. Qu’en est-il pour cette annĂ©e 2020? La sĂ©cheresse au rendez-vous, nos bois calcaires, Ă©galement confinĂ©s…, les morilles vivent des jours heureux! Mais… Ă l’annĂ©e prochaine!!!
Les lilas ont refleuri!
Avec ses grappes de petites fleurs tubulaires se dressant sur les rameaux de l’annĂ©e passĂ©e, le lilas embaume le jardin!
Les grappes peuvent ĂŞtre blanches, mauves, violettes, pourpres, ou tout simplement « lilas »…
On dit que dès qu’il fleurit, il ne gèlera plus, mais c’est sans compter les saints de glace qui ne sont pas encore passĂ©s!!!
Le lilas produit des drageons (jeunes pousses issues des racines) et peut ainsi former un petit bosquet de « clones », qui peut atteindre + de 4m de haut s’il se plait dans son environnement.
Le lilas commun (Syringa vulgaris) est originaire de la pĂ©ninsule des Balkans. Il fait partie de la famille des olĂ©acĂ©es (comme l’olivier, le jasmin et le forsythia). Le Forsythia dont la floraison jaune d’or est parmi les premières de l’annĂ©e, dès fin fĂ©vrier.
Quand les Forsythia dĂ©fleurissent, les lilas refleurissent…
16 avril 2020
14 avril 2020
La petite pervenche (Vinca minor). Normalement elle s’installe dans les bois, mais elle peut former un vĂ©ritable couvre-sol Ă l’ombre dans votre jardin!
DotĂ©e de tiges rampantes qui s’enracinent au niveau des nĹ“uds, comme les stolons du fraisier, elle porte un nom triomphant (Vinca = vaincre), ses feuilles Ă©tant toujours d’un vert luisant en toute saison.
Ses fleurs, aux 5 pĂ©tales d’un bleu pervenche… et asymĂ©triques, donnent l’impression d’une hĂ©lice, comme un petit moulin Ă vent (ne l’aurait – elle pas inventĂ©?)
Elle fait partie de la famille des Apocynacées, comme le laurier rose et le frangipanier, une famille surtout représentée sous les latitudes tropicales ou méditerranéennes!! (Une plante tropicale sous nos latitudes ??)
Elle peut indiquer Ă l’occasion l’emplacement d’anciens sites gaulois ou mĂ©rovingiens!
« Violette des morts », elle fut longtemps liée aux rites funéraires (ses « lianes couronnaient les défunts ou décoraient les tombes au Moyen-Age).
« Violette des sorciers » : toxique, elle n’en fut pas moins recherchĂ©e au Moyen-Age pour entrer dans la composition des philtres d’amour! (Un conseil : ne pas essayer…)
13 avril 2020
Un arbuste ornemental aux grappes de petites fleurs jaunes et au parfum de miel : le Mahonia Ă feuilles de houx (Berberis aquifolium).
Avec ses feuilles persistantes et Ă©pineuses, il ressemble Ă notre houx europĂ©en, mais le Mahonia est originaire d’AmĂ©rique du Nord! Il doit son nom Ă un botaniste amĂ©ricain d’origine irlandaise : Bernard MacMahon.
Arbuste à floraison précoce, les abeilles le visitent fréquemment en début de saison. Le contact avec la fleur entraine un mouvement des étamines qui se détendent et se rabattent en une fraction de seconde sur le pistil. Les fleurs seront ainsi pollinisées et donneront en été des baies bleu sombre, amères et très acides, mais appréciées des oiseaux!
Le MAHONIA ne serait-il pas notre MIMOSA, avec ses petites fleurs jaunes qui nous embaument dès le début du printemps?
12 avril 2020   spécial jour de Pâques!
C’est Ă Pâques que la Pâquerette (Bellis perennis, la belle Ă©ternelle) fleurit le plus abondamment.
De la famille des astéracées (ou composées), comme la Marguerite, ses fleurs sont en fait des capitules composés de nombreuses fleurs : les fleurons.
Les fleurons externes ligulĂ©s (la ligule est une petite languette allongĂ©e) que l’on prend pour des pĂ©tales et les fleurons internes tubulaires qui portent les Ă©tamines et le pistil et forment le coeur jaune.
Les capitules s’ouvrent le jour et se ferment la nuit ou en cas de pluie.
Les pâquerettes, que l’on trouve spontanĂ©ment dans nos jardins, fleurissent une grande partie de l’annĂ©e. Elles supportent le piĂ©tinement, les tontes rĂ©pĂ©tĂ©es (peu de temps après, elles refleurissent) : c’est une plante vivace qui sait s’adapter Ă notre prĂ©sence et nos habitudes…
L’histoire nous raconte qu’un jour Marie, voulant consoler JĂ©sus qui s’Ă©tait piquĂ© avec une Ă©pine, lui offrit une pâquerette pour le consoler : une goutte de sang tomba sur les « pĂ©tales », lui donnant alors un lĂ©ger ton rosĂ©.
Comme, c’est aujourd’hui le dimanche de Pâques, la lĂ©gende raconte que la pâquerette est nĂ©e des larmes versĂ©es par Marie-Madeleine quand elle ne trouva pas JĂ©sus dans son tombeau, au matin de Pâques.





















